Un film “Godzilla” nord-coréen tourné en 1986 par un metteur en scène sud-coréen kidnappé et dont les droits vidéo ont été vendus aux Etats- Unis.
En coréen sous-titré en anglais. 1h 35mn
Au départ, une légende coréenne :
Selon cette légende, Pulgasari a été créé par un moine bouddhiste. Alors qu’un gouverneur avait ordonné que tous les moines bouddhiste soient envoyés en prison, un moine s’était caché dans le placard de sa sœur pour éviter la purge. Pour passer le temps, il fit une petite créature à partir de grains de riz cuits à la vapeur. À son grand choc, cette figurine prit vie ; et le voyant affamé, le bon moine le nourrit alors de la seule chose qu’il pouvait trouver dans ce placard : des aiguilles à coudre.
Pulgasari grandissait avec chaque aiguille qu’il mangeait. Bientôt, il était plus grand que le bâtiment lui-même mais avait toujours faim et dévorait toujours chaque morceau de métal qu’il pouvait trouver. Il terrorisait la ville. Son corps difforme et monstrueux, dit-on, ressemblait à un gigantesque ours allongé, ses oreilles et son nez tombant comme un éléphant. Des aiguilles pointues transperçaient chaque centimètre de sa peau.
L’armée se déplaça pour s’en débarrasser mais aucune épée ni aucune flèche ne purent arrêter ce monstre. Ils l’ont surnommé alors «不可 杀», ou «bu ke sha» – chinois pour «qui ne meurt pas». Avec le temps, ce nom est devenu Bulgasal et, finalement, Pulgasari.
Le Film
L’histoire commence en 1978, lorsque le réalisateur sud-coréen Shin Sang-Ok et sa femme, Choi Eun-hee, actrice sud-coréenne très célèbre des années 50 (et supposée maîtresse de Park Chung-hee), sont enlevés par des agents Nord-Coréens. Kim Jong-Il, un fan avide de cinéma, ordonna à Shin Sang-Ok de réaliser plusieurs films pour lui.
Le premier de ces films était inspiré de cette légende coréenne “Pulgasari”.
Le film met en scène un monstre orné de cornes et ressemblant à un démon géant proche du diable et en accord avec la légende, il est invoqué pour exercer une vengeance contre l’oppresseur et son armée, et protéger les personnes oppressées.
Étant un grand fan des films de la Toho, Kim Jong-Il insista pour que l’influence du kaiju eiga (films de monstres) ne s’éteigne pas là. Il fit donc appel à plusieurs membres du studio japonais pour contribuer à sa production.
Teruyoshi Nakano, le chef des effets spéciaux de plusieurs films de la Toho fut placé à la tête des effets spéciaux et ils choisirent Kenpachiro Satsuma, pour incarner Pulgasari, car il venait d’incarner Godzilla dans Godzilla 1985.
Avant que le tournage du film ne fût terminé, Shin Sang-Ok et sa femme s’évadèrent vers les États-Unis. Kim Jong Il nomma alors le réalisateur Chon Gon Jo, afin de finir son film.
Bien que terminé en 1985, le film resta dans les cartons pendant des années. Il faudra attendre 1998 pour que les droits de distribution soient finalement vendus au Japon.
Il eut également une sortie cinéma limitée, et ne reçut pas le succès espéré (dont une sortie en 2000 pour la Corée du Sud). Shin Sang-Ok tenta une action en justice, sans succès, pour que son nom apparaisse au générique du film. Par la suite, Pulgasari fut commercialisé en vidéo aux USA.
Synopsis
Au cours de la période de Goryeo, un roi dirige le pays d’une main de fer et réduit la population paysanne à la misère et à la famine. Un vieux forgeron sculpte une figurine de monstre à l’aide de grains de riz. Quand elle entre en contact avec le sang de la fille du forgeron, la figurine prend vie et se transforme en monstre de métal géant appelé Pulgasari.
Le roi apprend qu’un soulèvement est en cours et compte bien l’écraser. Cependant, Pulgasari combat aux côtés de l’armée de paysans afin de renverser la monarchie.
C’est une histoire à peine croyable. En 1978, l’ancien dictateur nord coréen Kim Jong-il a fomenté, et réussi, l’enlèvement du réalisateur Shin Sang-ok et de l’actrice Choi Eun-hee, tous deux originaires de Corée du Sud, dans le but d’assouvir sa passion du septième art, également son principal outil de propagande. Shin Sang-ok aurait été torturé après deux tentatives d’évasion.
Lors d’une fête, prétexte pour orchestrer des retrouvailles surprises, Shin Sang-ok revoit enfin son ex-femme, dont il est séparé depuis cinq ans. La soirée se déroule dans une fausse bonne humeur. Quelques temps après, les deux personnalités, de nouveau en couple, capitulent sous le poids de l’autorité d’un homme prêt à tout pour obtenir ce qu’il désire. Ils tournent des films de propagande à gros budget, des succès en Corée du Nord bien reçus à l’étranger. En 1986, Choi et Shin s’évadent et mettent fin à leur détention lors d’un déplacement en Hongrie, via l’Autriche. Ils trouveront refuge aux États-Unis, puis Choi retourna en Corée du Sud.