Date/heure
Date(s) - 30/04/2022
19 h 30 min - 22 h 00 min
Emplacement
인사동 코트(KOTE)
Catégories
Hanyo
Le Ciné-Club d’avril 2022 du Collectif Eco-Solidaire à Séoul présentera vendredi 30 avril le film Hanyo.
La Servante, Hanyo de son titre original, est un film de Kim Ki-young, maître controversé du cinéma coréen et dont l’œuvre pléthorique reste assez méconnue de la cinéphilie française. Jusqu’à la sortie du film qui connut un grand succès, le public le connaissait pour ses œuvres très classiques, dont les canons du moment étaient le mélodrame sentimental réaliste. C’est seulement après avoir créé sa propre maison de production et gagné en indépendance, qu’il bascula non seulement dans un cinéma plus personnel et scandaleux, mais qu’il tourna également, pour la première fois dans l’histoire du cinéma coréen, la quasi totalités des scènes en studio.
L’histoire de La Servante est celle d’une catastrophe annoncée, planant tout au long du film au-dessus d’un foyer bourgeois avec l’arrivée d’une jeune femme de condition sociale modeste engagée comme domestique.
Le film est considéré comme précurseur du style si particulier qui fait aujourd’hui le succès du cinéma coréen et fait figure de référence pour toute une génération de cinéastes de Corée de Sud, parmi lesquels Park Chan-Wook, Bong Joon-ho et bien sûr Im Sang-soo, auteur d’un remake du film 50 ans plus tard.
Le plus célèbre d’entre eux, Bong Joon-ho, qui en évoquant La Servante parle d’un exercice d’hybridité de genre, s’avance même à dire que le film est aux yeux de la nouvelle vague coréenne perçu comme leur Citizen Kane. C’est peut-être sous cette désignation dissonante (hybridité de genre), que nous pouvons cataloguer si besoin le cinéma coréen contemporain, qualifié parfois d’inclassable. Un cinéma tapageur qui a fait du mélange des genres une marque de fabrique, n’hésitant pas à faire le grand écart entre série B et critique sociale, thriller psychologique et gore à outrance, drame sentimental et farce grotesque, etc.
Kim Ki-young aura également été avec son film, un des premiers à faire affleurer des thèmes tels que la lutte des classes et la xénophobie (peur d’une émigration économique et rurale) et l’équilibre au sein de la famille. L’on perçoit par exemple dans le film l’ambivalence et les désirs contraires de l’épouse modèle, harassée par le travail et obsédée par l’ambition sociale, alors même que dans la Corée du Sud de l’après-guerre le mariage était promu comme essentiel au bon développement économique du pays, et dont l’épouse était supposée être le socle.
A partir de La Servante et confronté par son succès , Kim Ki-young continuera tout au long de sa carrière de cinéaste son travail d’observation des névroses d’un monde en mouvement constant à travers les personnages de la bonne (la femme fatale même, à son corps défendant), le mari (le pantin pleutre et vaniteux) et l’épouse (la femme bafouée et coupable). Il reprendra deux fois cette histoire dérangeante d’émergence de classes, d’abord en 1971 avec un premier remake, La Femme de Feu et un deuxième en 1982 au titre passablement original, La Femme de Feu 82, auquel on peut éventuellement ajouter La Femme Inceste en 1972 comme nouvelle variation, jusqu’à son dernier film en 1995, Une expérience qui mérite de mourir.
Courts métrages
Avant la projection de ce classique parmi les classique datant de l’age d’or du cinéma coréen, nous vous proposons en première partie de soirée, deux visions de la Corée du Sud de deux cinéaste français, les courts métrages : Samsung Galaxy du photographe Romain Champalaune et le conte L’enfant et le poulpe de Nils Bouvyer. Qui nous fera le plaisir d’être parmi nous.
La servante (Hanyo), 1960, Kim Ki-young
Date/heure : samedi 30 avril 2022, 19:30
Lieu : KOTE café-library 7 Insadong gil, Jongno-gu, Séoul / 서울 종로구 인사동길 7
Gratuit