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Moranbog | Blog | Collectif Eco-Solidaire

Fiche technique :

Moranbong, film français réalisé par Claude-Jean Bonnardot en Corée du Nord  (1958-1959); Scénario et dialogues d’Armand Gatti Compositeur : Nam Hi Djoeung ; Montage : Sylvie Blanc, Jacques Witta ; Photographie : Kiung-Ouan Pak ; Production Les Films d’aujourd’hui, Ombre et lumière, La parole errante ; Film N&B, 35mm ; en coréen sous-titré en français. 1h 24mn.

Moranbong, l’histoire du film

11 juillet 2020

Premier film franco-nord-coréen

L’origine du film Moranbong chronique coréenne remonte à la visite en 1958 en (RPD de) Corée (du Nord) d’une délégation française. Cette délégation fut la première d’Europe occidentale à être invitée à se rendre dans le pays après la guerre de Corée. Parmi celle-ci figuraient des artistes tels que le cinéaste Claude Lanzmann, le chansonnier Francis Lemarque, le photographe et cinéaste Chris Marker – qui signa à son retour un remarquable livre d’essais et de photographies Coréennes – et bien entendu Armand Gatti et Claude-Jean Bonnardot.

Ces deux derniers inspirés par ce qu’ils avaient vu, les blessures de la guerre et le traumatisme de la partition d’une nation, profondément ancrés chez tous les coréens; au nord comme au sud; décidèrent de se lancer dans la production d’un long métrage de fiction tournée intégralement sur place en collaborations avec des artistes et techniciens coréens. Cette production est à ce jour l’unique collaboration cinématographique entre nos deux pays, et en raison d’aléas politiques et historiques, il n’avait jamais pu être projeté en (RPD de) Corée (du Nord).

Ce film est d’abord l’histoire de deux amoureux séparés par la guerre – parabole d’un pays également divisé – et de la force de leurs sentiments qui permettra leur réunion. Les deux auteurs français du film font preuve d’une subtile compréhension de la culture coréenne, comme en témoigne la place centrale et symbolique que tiennent les représentations de l’opéra L’Histoire de Chunhyang dans la dramaturgie du film, en évitant tout artifice exotique.

Moranbong, une œuvre humaniste, pacifiste et universelle

Moranbong chronique coréenne est profondément une œuvre humaniste, pacifiste et universelle, qui dénonce les horreurs de la guerre, de toutes les guerres. Il constitue le témoignage d’artistes français qui souhaitaient sensibiliser les spectateurs français à la situation dans la péninsule coréenne, peu connue alors ; et à leur manière porter une contribution artistique à l’espoir d’une réunification pacifique de ce pays.

Le film est censuré dès 1959, pour atteinte à la politique étrangère de la France jusqu’en 1963. Le producteur Marcel Degliame fera passer le film sous nationalité belge. Après plusieurs projections privées, il sera diffusé lors du séance publique à Cannes le 11 mai 1960 (hors-festival). La censure sera levée en 1963 par Alain Peyrefitte, ministre de l’Information.

Voir Moranbong

Le Collectif Eco-Solidaire vous propose une projection du film, le vendredi 19 juillet 2020 à Séoul.

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La délégation française à Pyongyang. A gauche, Lanzmann puis Gatti.

Pour aller plus loin

 

« Moranbong » : l’incroyable histoire du premier film franco-nord-coréen Par Jean-Pierre Thibaudat Publié le 03 novembre 2010

Ciné-voyage en Corée du Nord L’expérience du film Moranbong

Que voir après Moranbong

NAPALM  Claude Lanzmann – 2016

En mai 2017 est présenté au festival de Cannes en séance spéciale “Napalm”, un film documentaire écrit et réalisé par Claude Lanzmann. Comme un prolongement de Moranbong, ce film traite lui aussi d’une histoire d’amour contrariée.

Napalm, l’histoire du film

Il s’agit d’abord d’une histoire belle et triste d’amour impossible que Claude Lanzmann a relaté dans ses mémoires (Le Lièvre de Patagonie).

« Napalm » est le récit de la bouleversante « brève rencontre », en 1958, entre Claude Lanzmann et une infirmière de l’hôpital de la Croix Rouge coréenne, à Pyongyang. L’infirmière Kim Kun Sun et le délégué français n’avaient qu’un seul mot en commun, que chacun d’eux comprenait : « Napalm », qui a donné son titre au film.

« C’est mon histoire. C’est à moi de la raconter. C’est à moi de la filmer, et à personne d’autre… », ajoute l’écrivain qui, seul face à la caméra, raconte cette idylle avec des baisers « à pleines bouches, brutalement, sauvagement ». « C’était bouleversant et inattendu », se souvient Claude Lanzmann.

La police politique de l’époque découvrira leur histoire. L’infirmière sera emmenée sans ménagement pour interrogatoire. L’écrivain français, proche de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, jouera de tout son poids pour la défendre, menaçant même de faire une mauvaise publicité à la Corée du Nord.

Il pense avoir été entendu : quelques mois plus tard, il a reçu une carte postale de Kim Kun-sun lui assurant qu’elle allait bien. Ils ne se sont jamais revus.

Au début du film, Claude Lanzmann rappelle, images d’archives à l’appui, que trois millions de litres de napalm ont été déversés par l’armée américaine entre 1950 et 1953 sur la Corée du Nord, « pays où le temps s’est arrêté ».