Scènes de la vie quotidienne d’une Corée disparue
retranscrites par un artiste français
Mais qui est Paul Jacoulet?
Le monde feutré d’un garçon maladif : 1896-1913
Paul Jacoulet naît prématuré à Paris le 23 janvier 1896. Le médecin de famille donne peu d’espoir de survie à ce bébé chétif. Sa mère Jeanne l’entoure des plus grands soins et le sauve. Paul reste toute sa vie d’une santé très fragile ; il prend très vite l’habitude de cacher son teint blafard sous une couche très légère de poudre de riz, sans oublier du pourpre sur les lèvres et les joues. Il quitte la France à l’âge de trois ans avec sa mère pour aller rejoindre au Japon le chef de famille, Paul Frédéric Jacoulet, professeur de français à l’École des officiers de l’armée de terre ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Tokyo, l’actuelle université Hitotsubashi1.
Très bien installé avec ses parents dans la grande maison de Ushigome-nishi à Tokyo, Paul Jacoulet, sous l’impulsion de sa mère, commence à l’âge de cinq ans sa véritable éducation à domicile avec de nombreux tuteurs européens et japonais ainsi qu’un professeur français. Il apprend le japonais, l’anglais, le dessin, la musique, etc. ; c’est une éducation exceptionnelle et complète qui répond aux goûts et aux dispositions de cet enfant unique, auxquels les parents vont toujours rester très attentifs. Vers 1902, en relative meilleure santé, Paul est envoyé à l’école primaire toute proche dépendant de l’École normale de Tokyo, puis à son lycée secondaire. Il est le premier Occidental à avoir suivi cette scolarité japonaise, maîtrisant parfaitement la langue écrite et parlée, comme ses brillants camarades de classe.
Découverte artistiques
En 1907, son père l’emmène pendant plusieurs mois en France pour lui faire découvrir son pays, sa culture ainsi que les peintres Courbet, Millet, Matisse, Gauguin et Picasso. De retour au Japon, Paul oublie vite son passage en France et se replonge dans l’atmosphère artistique du Japon, s’intéresse à la beauté des sciences naturelles, aux insectes, aux plantes et aux papillons ; il se passionne pour les visages des hommes, des femmes, des enfants, pour leurs costumes, leurs habitudes. Il apprend la calligraphie, d’abord avec le professeur Hyakusen Yoda, puis avec l’assistant de son père, Eitarô Mochizuki, qui lui fait découvrir les estampes ukiyo-e. (images flottantes) Paul prend ses premiers cours particuliers de dessin à l’institut Hakuba-kai, la société du Cheval blanc, avec Seiki Kuroda (1866-1924), célèbre peintre à l’occidentale ayant fait ses études en France. Paul apprend aussi la danse, le chant traditionnel japonais gidayu en s’accompagnant au shamisen. Il suit les leçons particulières de l’artiste Keiichirô Kume (1866-1934) avec qui il apprend à maîtriser toutes les techniques de la peinture occidentale (huile et pastels). Vers 1909, Paul est envoyé par sa mère chez deux maîtres de la peinture traditionnelle, Terukada Ikeda (1886-1921) et son épouse Shôen (1888-1917), dont il deviendra le disciple. Avec eux, il se concentre sur la technique des bijinga (peintures de beautés féminines).
Une santé toujours aussi fragile oblige Paul à arrêter par intermittence sa scolarité. Il entre dans une vie de demi-convalescent, confiné avec sa mère dans leur grande maison. Gardant souvent la chambre, il continue cependant à recevoir ses leçons particulières de toutes les matières. Cet enseignement exceptionnel fait rapidement de cet adolescent doué, un peintre accompli, un excellent calligraphe qui sait jouer aussi bien du violon que du shamisen. De cette période, date son goût pour les collections, celle des papillons dont il fait la chasse lui-même (le Musée scientifique de la Ville d’Osaka achètera plus tard sa collection), et celle des estampes ukiyo-e qui impressionnent non pas par leur quantité, mais par la qualité des Utamaro (1754-1806), Chôki ou Kiyonaga (1782-1815) qu’il choisit lui-même.
Paul Jacoulet dans son atelier années 1920
Face aux réalités : 1914-1928
La Première Guerre mondiale éclate un an après que Paul Jacoulet a terminé ses études secondaires. Commencent les difficultés financières. Son père a été mis en non-activité à l’université, sans salaire de 1915 à 1918. À la fin de l’année 1914, toute la famille doit déménager dans une maison du quartier d’Azabu, et madame Jacoulet est obligée de trouver du travail pour subvenir aux besoins quotidiens. Mobilisé, le père rejoint la France en octobre 1916 pour combattre l’avancée des Allemands, il se distingue sur le front de Verdun et rentre au Japon en 1919, non sans avoir été affaibli par les gaz toxiques inhalés lors des combats. Paul continue à dessiner et à peindre sur soie des beautés féminines dans le style d’Utamaro dont un certain nombre, datées des années 1915 à 1917, ont été conservées par ses amis.
Le salaire de sa mère ne suffisant plus à couvrir tous les besoins, Paul décide de chercher du travail qu’il trouve comme traducteur à l’ambassade de France vers 1920. Abandonnant ses crayons et ses pinceaux, il travaille sans enthousiasme, pris aussi par les mondanités et les réceptions. Paul et sa mère déménagent dans le quartier d’Akasaka, mais le chef de famille meurt subitement en 1921 et quelques mois après, sa mère retourne en France, laissant son fils seul pour la première fois de sa vie. Loin de son travail stérile, le soir, Paul côtoie les milieux artistiques, les acteurs de Kabuki, assiste aux spectacles de Noh et de Bunraku, joue du tambour dans un petit orchestre d’amis « Tokyo Musical ». Il se rend souvent à Kanda, quartier des librairies de livres anciens, à la recherche d’estampes notamment celles d’Utamaro. Le goût pour une vie d’artiste devient de plus en plus fort. Paul reste toujours passionné par l’art des estampes, dominé dans les années 1920 par le mouvement Sôsaku-hanga qui demande à ses membres de graver eux-mêmes leurs planches et d’imprimer eux-mêmes leurs estampes. Mais Paul va s’en éloigner, estimant que les artistes ne maîtrisent pas suffisamment les techniques de la gravure pour prétendre faire tout eux-mêmes, et qu’il vaut mieux faire appel à la longue expérience et au talent des graveurs et imprimeurs d’ukiyo-e.
Au bout de sept ans de séparation, Paul retrouve sa mère qui revient de Paris en février 1929, avant de partir en Corée à la fin octobre rejoindre son nouveau mari, le médecin Hiroshi Nakamura, professeur à l’université de Séoul. Inquiète de l’état de santé de son fils, elle lui recommande de passer les hivers dans les îles du Pacifique Sud où plusieurs amis pourront l’héberger et où il pourra découvrir l’atmosphère paradisiaque des tableaux de Paul Gauguin qu’il admire depuis son voyage en France.
La renommée de l’atelier Jacoulet : 1929-1945
Décidé à vivre sa vie d’artiste, Paul Jacoulet part pour son premier voyage en Micronésie au mois de mars 1929, s’embarquant pour Saipan sur le Yamashiro-maru, après avoir demandé un congé à l’ambassade de France qu’il quittera à la fin de la même année. Il date ses dessins et aquarelles qui nous donnent ainsi son itinéraire : Saipan et Truk (Chuuk). Chaque année jusqu’en 1935, il passe les hivers dans les îles Mariannes (Guam et Saipan), les Carolines (Yap, Truk et Ponape), les Palaos, les Marshall (excepté Guam, ces territoires sont sous mandat du Japon à l’initiative de la Société des Nations, de 1919 à 1945), Mindao au sud de l’archipel des Philippines, les Célèbes, etc. Il se fait construire une maison à Saipan où il y revient régulièrement et s’engagera quelque temps dans une affaire d’exportation de cobra, mais sans succès. En 1931, il fait son premier voyage en Corée, alors colonie du Japon, il y reviendra en 1932, 1934 et 1940.
Au cours de ses voyages, l’artiste prend conscience de la fragilité des populations de Micronésie, auxquelles il s’attache. Il fixe sur le papier ces scènes de vies pleines de charme. Hommes, femmes, enfants, objets de la vie quotidienne, parures, tatouages, bijoux ou accessoires deviennent des sujets ou objets artistiques qu’il replacera dans ses estampes sans prétendre à un regard ethnologique.
Paul Jacoulet déménage en décembre 1931 dans le quartier d’Akasaka au 12, Nakanomachi avec l’intention d’y installer un atelier. Il fait la rencontre d’un jeune Coréen, Jean-Baptiste Rah, qui devient son assistant et qui fait venir ces trois autres frères dont Louis qui sera son deuxième assistant. Jean-Baptiste et Louis travailleront auprès de Paul Jacoulet pendant trente ans. Jean-Baptiste se mariera plus tard, prendra le nom japonais de Tomita Hiroshi et aura, en 1946, une fille Thérèse qui sera adoptée par Paul Jacoulet en 1951.
L’admiration que le jeune artiste porte aux estampes, et particulièrement à celles d’Utamaro, l’amène naturellement à choisir la gravure sur bois comme moyen privilégié d’expression. Paul Jacoulet va contribuer à la renaissance de cet art au Japon, tout en renouant avec la tradition et en adoptant un style original avec des lignes sobres et une seule couleur qui suggère les formes. Il s’attache d’abord comme maître-graveur Kazuo Yamagishi et comme maître-imprimeur Eijirô Urushibara. En 1933, la maison est transformée en « Institut de gravure Jacoulet » malgré l’opposition de sa mère qui lui envoie régulièrement de l’argent pour survivre. Paul Jacoulet et son équipe produisent en 1934 la première estampe Jeune fille de Saipan et fleurs d’hibiscus – Mariannes, un personnage des îles avec une fleur, sur fond de poudre de mica. Cette première œuvre, signée de sa main au crayon, à côté du sceau du graveur Yamagishi (comme ce sera le cas pour toutes celles qui suivront) est exposée en juin à la galerie Kato et présentée au grand magasin Mitsukoshi de Ginza et au Mitsukoshi de Séoul (aujourd’hui Shinsegae Department Store) en 1934. C’est un franc succès qui confirme à l’artiste son choix. Paul Jacoulet va s’attacher de nouveaux collaborateurs, Shunosuke Fujii, Tetsunosuke Honda, Matashiro Uchikawa, Fusakichi Ogawa, Yoshizo Onodera et plus tard l’un des meilleurs maîtres-graveurs, Kentarô Maeda qui travaillera pour lui toute sa vie. Chaque année verra la sortie de nombreuses estampes exposées en 1936 dans plusieurs grands magasins de Tokyo, d’Osaka, mais aussi à Séoul, à Hawaï en 1937, ensuite à Kobe en 1938 et à Yokohama en 1939. Forte de cette renommée, l’entreprise « atelier Jacoulet » entame sa période faste la plus productive. Cette réputation facilite les ventes qui résolvent les quasi-éternels problèmes financiers.
Paul Jacoulet très méticuleux dans son travail, observe chaque stade de la fabrication, rejetant facilement une estampe imparfaite. Il reste dans l’atelier auprès de ses collaborateurs, graveurs et imprimeurs, donnant ses instructions, exigeant le maximum d’efforts et d’attention pour atteindre la perfection. Ses estampes éclatent de fraîcheur et de couleurs, celles des orchidées, des papillons des Tropiques, de la Chine, de la Corée ou des kimonos japonais. Il ne paraphrase pas les maîtres anciens et s’emploie à représenter des personnages rencontrés, des gens du peuple représentés dans leur tâche quotidienne ; il conçoit des scènes irréelles où ses modèles se transfigurent vêtus magnifiquement, évoluant dans un monde flottant éphémère. Il cadre souvent ces personnages en gros plan, privilégiant les visages et les mains qui rendent toute la gamme des sentiments.
Paul Jacoulet apporte un soin tout particulier aux pigments utilisés, en innovant avec des poudres de végétaux, de métaux divers, de mica ou de nacre pour parvenir à des effets naturels. Il utilise un papier spécialement conçu pour ses estampes, de qualité très supérieure, résistant aux nombreux passages et laissant apparaître par son épaisseur les volumes sans contour. Ce papier résistant, le kizuki hosho est une création du grand maître Kihei Yamaguchi qui travaillait dans le village d’Okamoto dans le département de Fukui.
L’artiste cherche à fixer les derniers moments des traditions et coutumes des régions qu’il parcourt (Izu, Oshima, Hokkaido, Nagano, Sado, Chiba, Kyoto, les îles de Micronésie, la Corée, la Mandchourie) et de leurs habitants : jeunes filles, beaux garçons des îles à moitié nus, jeunes Coréens en costume traditionnel, vieillards aïnous, belles Chinoises… Sur les cent-soixante-quatre estampes produites, vingt-six seulement concernent le Japon.
La mort soudaine de sa mère en octobre 1940, inspire à l’artiste la célèbre série des cinq « Princesses de Mandchourie » imprimée en 1942. Cette publication met fin à la première partie de la vie d’artiste de Paul Jacoulet avec une production de quatre-vingt-cinq estampes. La guerre du Pacifique, qui a commencé avec l’attaque surprise de la Marine impériale contre Pearl Harbour le 7 décembre 1941, va interrompre le travail pendant cinq longues années. Paul Jacoulet reste à Tokyo malgré les bombardements, mais finalement en 1944 décide de déménager dans les montagnes du département de Nagano avec ses assistants à Karuizawa, station d’été où les nantis de la capitale fuyaient les grandes chaleurs et où certains étrangers étaient en résidence surveillée.
Exposition Paul Jacoulet au Musée National de Corée en 2006, a l’occasion des 120 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Corée
Paul Jacoulet dans les années 1950
Le renouveau de l’après-guerre (1946-1960)
À l’automne 1946, dans sa maison de location de Karuizawa, Paul Jacoulet reçoit la visite d’un vieil ami, Henry Smith-Hutton assistant du général MacArthur. Il lui amène en cadeau une valise de papier à croquis. Paul reprend le travail et envoie ses originaux à son graveur Maeda et à ses imprimeurs Honda et Uchikawa à Tokyo qui ont tous les trois survécu aux bombardements. Smith-Hutton fait la promotion des estampes de son ami parmi ses connaissances des forces d’occupation. Deux expositions sont organisées sur deux bases américaines au Japon dès 1946. Paul Jacoulet achète un grand terrain et une maison à Karuizawa, au No. 1245, où il emménage en mars 1948 après y avoir fait faire des réparations. L’année suivante, il fait construire une nouvelle grande maison : c’est maintenant un véritable ensemble avec une grande résidence, un atelier indépendant, une maison d’habitation pour les graveurs et imprimeurs qui viennent s’y installer par période, ainsi qu’un entrepôt pour les bois de cerisiers. Paul Jacoulet ne reviendra jamais habiter Tokyo où la maison qu’il louait avait été réduite en cendres par les bombardements.
L’entreprise Jacoulet renoue avec la croissance : quinze estampes paraissent en 1948, trois l’année suivante, puis au rythme de six à trois par an jusqu’en 1960. Les expositions à l’étranger se succèdent, Guam en 1947, puis Los Angeles en 1950, New York en 1951, Helsinki en 1952 et Perth en Australie en 1955, pour n’en citer que les principales. La renommée est de retour ayant traversé le Pacifique.
D’octobre 1954 à avril 1955, Paul Jacoulet entreprend avec sa fille Thérèse et Louis Rah un long périple qui les mène à Hong-Kong, Singapour, en Australie, à Tahiti et en Amérique du Sud, puis aux portes des États-Unis, n’ayant pu obtenir de visa. Il réalise pendant ce voyage un grand nombre d’aquarelles et de dessins. De retour à Karuizawa, l’artiste prépare un grand projet de cent-vingt estampes sur les peuples en voie d’extinction d’Asie et du Pacifique. Malgré des souffrances insupportables, Paul Jacoulet travaille sans relâche depuis sa chambre qu’il ne quitte presque plus. Le 9 mars 1960, il meurt d’un diabète qu’il n’avait pas voulu soigner, sans avoir pu achever son grand projet. Il est enterré auprès de son père Frédéric au cimetière d’Aoyama à Tokyo.
Paul Jacoulet aurait souhaité de son vivant faire connaître son œuvre dans son pays natal, la France. Il a fallu attendre cinquante ans après sa mort, pour qu’une première Exposition Paul Jacoulet – BNF – Site François Mitterrand consacre cette reconnaissance en 2011.
Paul Jacoulet, maître de l’Ukiyo-e
Vent du Nord – Corée 1953
Des œuvres de Paul Jacoulet émane une certaine étrangeté. On y reconnaît la technique de la gravure sur bois polychrome japonaise ainsi que certaines caractéristiques esthétiques qui s’y rattachent. Pourtant, dans ses portraits gravés, Jacoulet élargit la gamme des sujets de l’ukiyo-e, ne se cantonnant pas aux représentations traditionnelles de geishas et d’acteurs, mais figurant des personnages de conditions sociales variées avec une attention particulière portée aux plus humbles. Son attrait pour différentes régions d’Asie qu’il parcourt soit physiquement, soit de manière livresque ou bien par le biais de photographies se manifeste dans ses estampes. Quatre zones géographiques retiennent son attention : le Japon, pays dans lequel ses parents se sont installés alors qu’il était âgé de trois ans et où, hormis quelques séjours à l’étranger, il est resté jusqu’à la fin de sa vie ; la Corée d’où est originaire la famille Rah qui devient sa famille d’adoption et où il effectue plusieurs voyages dans les années 1930, après le remariage de sa mère en 1928 avec un médecin japonais installé à Séoul ; la Chine où il s’est brièvement rendu en 1940, mais qu’il imagine surtout à partir d’ouvrages ou de spectacles de l’opéra de Pékin auxquels il a assisté à Tokyo ; les îles de la Micronésie, alors sous domination japonaise, qu’il parcourt à plusieurs reprises entre 1929 et 1935, notamment pour assouvir sa passion des papillons qu’il collectionne.
Outre l’attrait pour des sujets atypiques, l’originalité des estampes de Jacoulet réside dans la gamme de ses coloris. Les couleurs chatoyantes de ses oeuvres s’inscrivent dans un tracé linéaire et sinueux dû à la dextérité des graveurs dont il s’entourait pour traduire ses aquarelles. Son œuvre gravé compte 162 numéros s’échelonnant de 1934 à 1960. On ne décèle guère d’évolution dans le style que Jacoulet élabore, dans un premier temps, dans ses aquarelles avant d’aborder la gravure en 1934. Malgré cetteuniformité plastique, la variété de ses sujets caractérise son œuvre dès ses débuts. Les thèmes japonais, coréens, chinois et micronésiens sont traités en alternance, Jacoulet conférant toutefois à chaque zone géographique des caractéristiques plastiques facilitant son identification.
Paul Jacoulet a effectué plusieurs séjours en Corée. Il dépeint des personnages de conditions sociales variées, saisis dans leurs occupations quotidiennes ou en costume de cérémonie. Il s’ est tout autant inspiré de photographies que de son observation. Les vêtements de fête très colorés sont rendus au moyen de juxtaposition d’aplats de couleurs éclatantes, comme on peut le voir dans la représentation d’ un bébé coréen en costume de cérémonie : l’enfant est vêtu de la tenue traditionnelle portée lors du premier anniversaire. Il tient un morceau de papier, la coutume voulant que, lors de cette fête, le bébé saisisse divers objets symbolisant chacun un bienfait pour son avenir. Toutefois les nuances de blanc caractérisent les oeuvres figurant des sujets coréens. Jacoulet excelle dans le rendu des différentes textures des vêtements blancs traditionnels. Cette dextérité caractérise son oeuvre comme Vent du Nord représentant une femme portant un costume coréen prise dans la tourmente d’une bourrasque dans les montagnes. On décèle dans le blanc crème de la robe, des motifs floraux immaculés, contrastant avec l’ écharpe mauve prise au vent, la silhouette du modèle est mise en valeur par un fond aux teintes dégradées, le mouvement du corps s’accorde avec l’inclinaison des pentes.
Pour aller plus loin:
Nouvelles de l’estampe: Paul Jacoulet, maître de l’ukiyo-e